je te vois qui dit rien dans le coin de la pièce à regarder par-dessus tes lunettes

tu sais te faire discrète - t’es un tattoo qu’on garde discret à l’entretien et en réunion de famille - tu as appris discrètement à te faire discrète – discrète discrète discrète - à ne pas offusquer - offusquer allons bon les crisses de mots - les grands chevaux dans leurs champs fermés


à quoi tu penses en mission fantôme ?

j’le sais tu fais le sens du mot queer - je sais que tu fais du code avec tous les numéros de ton cellulaire pour contester la binarité -et je sais aussi que tu réponds jamais si c’est inconnu - le reste je me doute







de quoi vivent les fleurs qui poussent la nuit ? dis-moi toi tu le sais

partager tes données de sécurité avec tes ami.es - donner d’ton temps aux autres - faire de quoi avec la créature de Frankenstein - apprendre les astuces de manière discursive - aimer sa communauté - se rappeler que son amour permet de s’aimer - accepter la quétainerie et devoir compenser toute la mononclerie du moi d’abord en bon paratonnerre - tu m’as appris




tiens la mononclerie parlons-en

à y repenser j’le suis pas - c’est peut-être ma jambe de bois - il est loin je suis à la traîne - debout sur ses deux pieds il voit à travers sa longue vue à peine le bout de son nez sans voir au loin la personne enfermée dans un tambour - ça s’entend fort pourtant - c’est évident 

gauche-droite une-deux une-deux il a appris à marcher avec les lunettes brisées - il les garde brisées exprès - pas plus que gauche-droite une-deux une-deux ni chaud ni froid - le sens est brisé - le monde toujours en 2D - il ne s’emmêle pas les pinceaux parce qu’il en garde qu’un - accessibilité : non disponible – trop bien dans sa coquille - pourtant ventriloque très bavard il fait les voix des dialogues - il s’y met - il gagne sans avoir jeté les dés mais dit que l’importance c’est de participer - y’a un bouton au bout de la jetée mais il a trop peur de peser dessus - de se lever d’la chaise et de possiblement perdre à qui va à la chasse perd sa place

j’en ai rien à crisser que l’euro baisse et qu’c’est le moment d’changer l’argent - de l’écriteau sous jacques cartier - pas même celui de bill - le bon billy qui paie pas la bill





alors quelle médiatrice ? toi qui dis rien et analyse dans le coin ? comment couper la poire en deux avec quelqu’un qui veut la manger entière parce que c’est tombé dans ses mains à lui ?











tu imagines - tu quittes la route - tu pars avec ton camion dans le ravin en serrant les dents et le volant ça va passer




dire à son mononcle que c’est un mononcle - oh my - regarder les nuages gris le ciel qui se couvre dans les yeux de la tablée - y’a pu l’son - T’AS COUPE LE SON calisse - tu deviens rouge comme la ligne que tu viens de franchir - elle voudrait défendre corps et âme le noyau d’la pêche grignotée - l’unité la sacro-sainte famille par-dessus toutes les têtes mais pu l’son - l’anneau de clefs - l’obligatoire sans demander - quoi qu’il arrive la famille derrière - chacun pour soi dehors - le noyau perdu tiré dans le réacteur - éviter la fission en fronçant les sourcils - l’œuvre de toute une vie - orchestration des angles arrondis - le carton rouge qui sort jamais qui sortira jamais sauf là que t’as tourné en pleine ligne droite - rétrograder pour mieux accélérer lâcher du lest pour avancer - bonne chance - c’est toi qui met la mauvaise ambiance






comment faire comprendre ? comment comprendre ? comment s’entendre ? c’est quoi s’entendre ? c’est quoi ses liens sacrés si c’est juste pour acquiescer en grinçant des dents ?


je sais pas







inspirer expirer comme une pommade - attraper ce qui est là et à jamais en dehors du champ de vision

quoi ça ?

je sais pas non plus - ça - ce qui traine - une bouée - n’importe quoi pour sortir d’là

inspirer ce qui sent la lavande des prairies de marguerites - ce qui sent la peau de dos de mon amie nue dans notre lit - c’est là et pas savoir l’expliquer - ce twist d’existence peut-être - d’affirmation peut-être - d’être bien dans son air ambiant peu-être

une genre de chaleur du  feu dans le tonneau d’la ruelle derrière - guidé par des incantations dans une langue j’sais pas laquelle - celle qui vient comme ça - de traités qu’on signe avec les yeux - d’une odeur du c’est là et à jamais qui s’enlève pas - de ce qui se touche d’une main mais pas d’l’autre - la paix peut-être -la sérénité peut-être aussi -
n’importe mais le velours surtout












PERDU.ES COMME PLUTON DANS LE COIN DE SA RÉVOLUTION














se faire de la place - s’affirmer - se recentrer - nous dans le tout - allo nous sommes là qui flottons dans l’infini de l’espace parmi le monde et les débris



je te vois dans le coin qui n’est pas d’accord - tu vois ce qu’on jette là-haut parce qu’c’est pas visible d’en bas - je te vois qui vois le revers -tu vois la Terre qui traine son champ d’astéroïdes hominidés - allons bon encore les crisses de mots - hominidé - et toi dessous la lune dans les yeux avec tes petites mains qui tiennent à peine un brin d’herbe - tu n’es pas d’accord et ça te donne mal à la tête - l’éco-anxiété et la tête dans le mur - tu cognes ta tête contre le mur - le mur bouge pas - il s’effrite peut-être un tout petit peu - n’avoir qu’un sparadrap à mettre sur une plaie géante - tu essaies tu n’es pas médecin - tu compenses pour les abandons de poste

est-ce que t’es déjà en feu ? qu’est-ce que t’attends allumette ? vas-tu te consumer seule ou démarrer une réaction en chaîne ?











je veux pas non plus aller dans l’espace - je veux pas prendre l’avion pour l’autre bout du monde - voir trois montagnes - je veux pas « la nature » - une plage et gouter à un plat localement touristique vivre la photo et observer la chute au ralenti - faire sombrer pis continuer à jouer avec le cul-de-sac - faire le chemin pour regarder le mur du bout du chemin construit pour faire le chemin - y’a du monde pendu derrière le mur - des noms effacés des histoires perdues des graffitis gommés - je ne veux pas aller chier à 3000 kilomètres de chez moi

 

j’veux pas chasser le lapin pendant la chasse aux œufs parce qu’y a plus de chocolat - j’veux pas d’idées qui sentent le gel et l’intérieur des chars tout neufs - dans l’usine des idées, on change pas les employés c’est l’exception de la règle


mononclerie - j’les vois pisser debout les jambes assez écartées pour laisser passer un train dessous - au cas où qu’y’aurait un train un gros train un gros joujou qui fait du bruit et qu’on pourrait chevaucher en traversant le monde qu’on a rendu gris - uniformiser le gris - capoter pour un coup de tchou-tchou pour le bruit et la fumée 




















je te vois qui dit rien dans le coin de la pièce et nos regards se croisent 

que les minutes sont longues

je te vois prendre le 15 Roundliner - je te sens faire une croix dessus à l’encre noire parce que j’ai ta main dans la mienne 
































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