faut voir ça - y’a des zinzins sur un char qui
pitchent des cadeaux et secouent les mains pour dire allo c’est nous les
zinzins aux grandes oreilles au nez pointu à la tête de chien qui mélangeons
les éléments comme un paquet de cartes délavées Uno - les weirdos pour les
couleurs de la télé - y’a des zinzins de char qui secouent les mains comme soudainement
anobli.es par leur présence sur un char - c’est spectacle pour la foule
je suis plus loin dans
la ville - j’arrive - j’ai encore rien bu et j’ai le goût de vaincre le bitume
aujourd’hui - me suis levée comme ça à l’heure des sorcières - le crépuscule
dans la crapauterie - j’fais des lignes droites et quelques ornements pour
avancer (j’ai prévu de m’en tatouer quelques-uns) - j’vais prendre les minutes
par poignée pis les égrainer - pourquoi pas les semer - j’ai le goût de faire
un champ mon chantier du moment tout ça grâce à ma jupe dans le vent - pouvoir
écouter dix fois de suite la même musique - du genre celle qui montre une
lumière - ou celle qui te fait vivre comme dans un film filtré orange - celle
aux flashbacks dans un flou artistique - se faire bouffer par le flou artistique cette
petite chatte qui n’en est pas une - l’amour de soi-même - il pleut j’ouvre la
bouche sous l’eau pour chanter - péter de la paix intérieure - mon ventre se
gonfle d’une chaleur solaire d’une sorte
de fioul magique pour mes vieux tuyaux - je suis encline à un tremplin - à
faire du vélo en bas et passer par-dessus faire le soleil - j’transpire de
niaiseries de même - l’euphorie qui tombe de l’arbre comme une pomme sur mon
crâne - marcher avec des bulles d’air sous les pieds
vois comme je m’élève
note : s’en rappeler fort pour qu’au besoin - un jour - j’puisse faire une
commémoration d’ce sentiment-là - juste
au cas où
je sais pas je me suis levée comme ça
j’imagine que ça t’arrive aussi des fois
il est demain matin l’après-midi et demain Montréal m’attend depuis le
matin - certain parce que c’est le jour de l’année qu’on m’a donné
tiens une petite pièce mais t’achète pas d’alcool avec
alors y aller pour voir
s’entourer des ombres - sentir la parade d’en bas
- vouloir une parade d’en bas - par nous pour nous - à nous la rue - nous
et une image non-scénarisée sur le trottoir
(tu as une salade préparée en avance pour le lunch - j’étais d’humeur)
avancer dans la journée - bien dans les bobettes - profiter du parc avec
des amies
ding ding
RECEVOIR UN MESSAGE SUR SON CELL
long message qui suit sans intro sans nom :
J’vais
pisser dans une baignoire tous les jours pour la remplir j’vais boire le moins
possible pour qu’ce soit jaune fluo j’vais tout laisser jusqu’à ce que ça teinte
les bords du bain pis j’te trouverai j’te foutrai tête la première dedans en te
tenant par la peau du cou sous la surface qu’tu te noies dans la pisse qu’t’en
boives des litres passés date qu’elle s’infiltre par les yeux le nez et les
oreilles et quand tu penseras enfin qu’ce sera terminé et qu’la mort te
libèrera j’te tirerai de là j’te foutrai sur le carrelage froid parce que
j’aurai exprès éteint le chauffage au sol pour te refaire la face parce
qu’après tout c’est bien ce que tu veux ta vieille face dégueulasse avec ton
gros pif j’te calerai des coups pour te repulper les lèvres tu me supplieras tu
me supplieras mais j’en ferai rien j’écoute pas les merdes dans ton genre j’te
laisserai à l’agonie là éclaté comme tu mérites pis j’t’enfilerai une laisse
par le cou que j’accrocherai au radiateur et t’attendras mon bon vouloir pis là
on s’amusera j’ai de beaux projets pour toi j’vais te tatouer avec un couteau
rouillé qui m’sert aux travaux dans la shed j’vais te tatouer le front avec
zéro gant sans encre mais mon caca et j’écrirai ton vrai nom d’imbécile
pour que tout le monde voit quelle supercherie que tu fais mais tu comptes tromper
qui tu pues l’arnaque à dix kilomètres si tu penses que personne remarque
j’te marquerai au fer rouge autant d’fois que bon me semble tu te tiendras bien
droit pour qu’le tatouage soit bien visible pis t’iras cicatriser tout ça dans
la baignoire tu finiras par servir de table de tabouret de trottoir de brosse à
dent j’te raserai les cheveux à sec à ras comme à l’armée j’te filerai des
coups dans les cotes comme à un cabot tu sortiras d’là changé en me remerciant
dans l’ordre j’te cracherai dessus et tu seras content j’vais te trancher tes
seins trichés et te les servirai sur une assiette tu les as voulu alors bouffe-les tu me diras merci merci d’avoir retrouvé ton pinou.
la poésie coûte que coûte - et quoi faire de toutes ces
informations ? - comment effacer ?
je ne sais pas
JE NE SAIS PAS
mais lire quand même jusqu’au bout - au cas où -
au cas où quoi ?
l’amour est pas plus grand que moi - j’absorbe
la lumière comme un vitrail - garder à tout prix l’soleil de son côté - tu peux pas juste
rester dans ta chambre pour éviter l’ambulance - plonger - je suis sous-marin -je dois mettre du contraste avec des chansons de la compagnie créole - restez
sur place on va swinguer pour contrebalancer - restez avec moi au parc encore
un peu s’il vous plait - les mains sur les hanches - gauche droite et avancer -s’il vous plait
on a forcé ma
porte - je vis dans le courant d’air
peux-tu
rester encore un peu éveillée avant de t’endormir ? juste pour surveiller ?
MONTER DESCENDRE
MONTER DESCENDRE
MONTER DESCENDRE
MONTER DESCENDRE
MONTER DESCENDRE
MONTER DESCENDRE
MONTER DESCENDRE
MONTER DESCENDRE
à la surface : faire l’étoile de mer aussi longtemps que possible
s’endormir sur ou sous l’eau ? combien de temps j’tiens sur
l’eau ? j’ai dormi sur ou sous l’eau ?
à matin pour remonter le yo-yo je fais l’état des lieux :
salut le matin t’as la peau douce - je termine de me réveiller sur tes
seins chauds d’la nuit - tu as supporté la chaleur de fenêtre ouverte et le son
du climatiseur des voisin.es encore un jour de plus bravo - j’ai les yeux
bouffis du réveil - les globes avalés par un rêve - nous avons dormi en bobettes - les toupettes levés - salut la journée qui vient le déjeuner au bout du couloir
qui m’attend dans la cuisine ensoleillée - un bol de toujours les mêmes
céréales qui viennent en avion - tu dis des phrases de film que t’as jamais vu et qui m’font rire - tu
utilises pas le bon ton - t’imites moi qui imite - le plaisir des grands
chandails de sortie de lit - on se parle en onomatopées - salut le rideau qui
s’ouvre sur les croutes d’œil - se bruler les pieds sur le balcon - ça te fait
plaisir de te servir un café comme si on t’en servait un de même dans un café - tu
mets des glaçons dedans - j’sais pas quel jour on est sur le calendrier - tu sens
bon le savon sans parfum ni parabène
je flotte
j’ai peu retenu de mes cours de physique mais le signal sur l’oscilloscope
je le vois encore monter descendre monter descendre
ça va être quoi demain ?
monter descendre monter ou monter descendre descendre ?
flotter dans l’air menée malmenée par les vents comme les nuages au dessus de ma tête
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