pour commencer la journée dans le miroir je traduis













fait frette mais y’a un grand feu                      

qui est vivant.e ? qui est mort.e ?

mais oui qui est vivant.e ? qui est mort.e ?  

les bras levés de stupéfaction - personne dit rien - personne répond - silence dans les tuyaux  - le miroir est cabossé il fait des silhouettes d’affaires gonflables sur le bord de la route - bras ballants - bras moulin comme un pantin désarticulé

des tas de questions 

qu’est-ce qui reste ? de quoi ? de qui ? qui que quoi dont où lequel laquelle ? qui est personne ? qui est fantôme ?

qui est encore là aujourd’hui ? qui est-ce qui traine dans l’entrée ? à qui sont ces souliers ?

est-ce qu’on peut me dire de quel monde je vais me chauffer aujourd’hui ?








l’écho












ça répond pas l’écho ça répète allo - ça répète les questions



















je suis seule à maison - j’me réveille toujours après toi - le train est déjà parti et la boucane déjà envolée - je dois penser à me couper les cheveux - mon rideau du matin - j’ai le matin en bandoulière - le parquet dit bonjour - son bois ciré est mieux réveillé - lui il brille

des tas de questions 

des fois quand je pose une question tu dis « mais je le sais-tu moi ? » pis tu finis avec « t’en poses toujours des questions où j’en sais rien » en souriant 

j’les prépare devant mon bol du matin

c’est parce que j’dois manger des céréales pour me souhaiter bon matin - des « kellok » - pis j’dois m’occuper en mangeant parce que ça m’occupe plus de juste manger - ce sont des céréales à la cannelle qui viennent en avion - je visse la casquette parce que j’ai honte de tout ce chemin fait rien que pour moi - déjà - sur la casquette une marque de bière - pourquoi ? 



















oh mais parce que parce que
















JE SAIS PAS POURQUOI POURQUOI

(TOUTES CES AFFAIRES QUE JE NE SAIS PAS POURQUOI POURQUOI)


















c’est quoi son chemin ? - je l’ai juste trouvée là-bas - est-ce que je suis responsable ?

pis je suis perdue au milieu des escaliers - est-ce que j’ai fermé la porte à clef ?

je n’ai pas mangé le supplément de salade ni le bout de pain que je m’étais grillé - tu fais quoi d’un pain grillé que tu n’as pas mangé ? - il est encore sur le comptoir à durcir tout mou








je sais pas en marchant la porte dans le dos - il faut quand même y aller








ET JE NE SAIS PAS JE NE SAIS PAS JE NE SAIS PAS JE NE SAIS PAS











ma phrase préférée - je pense enfin je sais pas - elle flotte dans l’air dans l’humeur générale - mettons l’humeur moyenne si tu veux - c’est l’ambiance du je ne sais pas y’a quelque chose dedans qui m’anime comme un pantin désarticulé qui se réapproprie ses ficelles











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